Souvenirs d’enfance (4) : La messe de 9 heures

Il est 9 h 05 en ce dimanche d’avril 195… Nous sommes à Pâques. La messe est commencée dans l’église paroissiale pleine à craquer. On s’est mis sur son trente-six (ou son trente et un, c’est selon ). Ce n’est pas la grand-messe, donc tout est silencieux dans la nef à part les dizaines de personnes qui se raclent la gorge ou qui toussent.Église Saint-Fidèle. Photo : Jean Cazes, 22 janvier 2010.Dans ce demi-silence que même le prêtre ne brise pas, occupé qu’il est par ses litanies, on entend tout à coup des talons qui claquent sur le plancher de terrazzo. Tout le monde ou presque sait que Madame C., la femme de l’épicier, fait son entrée. Ses retards sont fréquents mais, en ce dimanche, elle a une raison majeure de le faire : elle étrenne un nouveau chapeau — fait sur mesure — et tient à le montrer. Elle traverse toute la nef jusqu’au premier banc tout à l’avant accompagnée par le regard curieux des hommes et disons-le, jaloux des femmes.Sa robe neuve est coordonnée à son chapeau (ou l’inverse) mais ce dernier constitue le point d’attraction avec ses grandes plumes multicolores. Et surtout, il lui donne encore une fois l’avantage sur Madame V. l’épouse du docteur dont le couvre-chef était moins étincelant. Elle tentera de se reprendre. La vengeance est douce…Son mari l’accompagne, un peu en retrait. Vêtu plus sobrement, il n’est pas peu fier du succès de son épouse. L’argent doit servir… Et il servira encore à l’été, à l’automne et à l’hiver prochains.[ À lire aussi : Souvenirs d’enfance (3) : Aller-retour à la pharmacie…. ]

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